Une soirée de découverte du ciel d’été
Profitez des Nuits des étoiles et de vos vacances pour partir à la découverte du ciel d’été dans un site protégé des lumières urbaines.
Si chaque étoile de l’Univers était un grain de sable fin, toutes les étoiles visibles à l’œil nu en pleine nuit dans un ciel sans Lune préservé de toute pollution lumineuse tiendraient dans une seule petite cuillère. Une brouette contiendrait autant de grains de sable qu’il y a d’étoiles dans notre galaxie. Et pourtant, il n’y aurait pas assez de grains de sable sur toutes les plages de la Terre pour représenter l’ensemble des étoiles de l’Univers...
© Guillaume Cannat
Imaginez une nuit d’été loin des villes et de leurs lumières éblouissantes. Le ciel s’assombrit alors que le Soleil glisse de plus en plus profondément sous l’horizon occidental. Longtemps, il reste au nord-ouest une frange nacrée qui renâcle à s’éteindre, mais l’obscurité s’empare enfin du ciel, libérant les étoiles par centaines. Montant du sud comme un panache phosphorescent, la Voie lactée ondoie jusqu’au zénith avant de retomber vers le nord. Installez-vous dans une chaise longue ou allongez-vous sur le sol et laissez votre regard embrasser l’immensité du ciel scintillant qui vous surplombe. Quels mondes inconnus flottent dans cette immensité ? Combien de civilisations sont nées dans les bras spiralés de la Voie lactée depuis sa formation ? D’où tout cela vient-il ? Que la nuit étoilée fasse naître en nous de telles interrogations sur nos origines et sur l’origine de toutes choses n’est pas réellement un hasard. Après tout, nous sommes, concrètement, des enfants des étoiles. Chaque atome de notre corps, chaque atome de la planète qui nous abrite, a été forgé au cœur des étoiles il y a des milliards d’années. Dispersés par le vent des nébuleuses planétaires et les explosions de supernovae, ils se sont mélangés à d’informes nébuleuses et ont inlassablement enrichi de nouvelles générations d’étoiles. Alors, oui, sans aucun doute, nous sommes des enfants des étoiles et la contemplation de la voûte céleste nous amène inévitablement à réfléchir à nos origines et à la fragilité de l’environnement qui permet notre existence.
En suivant sereinement la montée de la nuit, vous avez laissé à vos yeux le temps de s’accoutumer à l’obscurité et votre vision nocturne s’est installée. Très peu sensible aux couleurs – la nuit, tous les chats sont gris ! – elle détecte, en revanche, des sources lumineuses infimes et révèle d’innombrables étoiles. Attention de ne pas vous exposer à une lumière vive, comme une flamme de briquet ou les phares d’une voiture, qui vous éblouirait et vous contraindrait à une nouvelle période d’attente dans l’obscurité pour recouvrer vos capacités nocturnes. Au-dessus de l’horizon sud-ouest, à une vingtaine de degrés de hauteur, soit l’équivalent de votre main grande ouverte et bras tendu, remarquez un point plus brillant que ses voisins. Il s’agit de la planète Saturne, dont vous pourrez admirer les anneaux et la lune Titan avec une lunette ou un télescope et un grossissement d’une trentaine de fois. Sur sa gauche, et un plus près de l’horizon, une étoile à peine moins lumineuse est visible sans peine à l’œil nu : Antarès, l’étoile principale de la constellation du Scorpion, l’une des étoiles les plus éclatantes de la sphère céleste.
La Voie lactée et une portion de la constellation du Scorpion sont visibles actuellement en début de nuit juste au-dessus de l’horizon sud/sud-ouest. L’étoile principale du Scorpion, Antarès, brille d’un vif éclat rouge orangé.
© Guillaume Cannat
Comparez l’éclat de Saturne à celui d’Antarès. La planète semble figée quand Antarès scintille diaboliquement, passant en une fraction de seconde du rouge vif au blanc ou au vert. Cette scintillation est due à la turbulence atmosphérique, ce phénomène qui fait onduler l’air et trouble les images au-dessus d’une route chauffée par le Soleil en été. Lorsque la turbulence n’est pas trop forte, les planètes y sont insensibles alors que les étoiles la subissent déjà, ce qui est d’ailleurs un bon moyen de les différencier. Pourquoi un tel comportement ? Simplement à cause de la différence de diamètre apparent des planètes et des étoiles : Saturne est une planète et, même si nous ne pouvons pas le voir à l’œil nu, son disque nous présente un petit diamètre apparent. Les infimes déviations de son éclat, engendrées lors de la traversée des couches atmosphériques de températures différentes, ne dépassent pas le diamètre apparent de ce disque saturnien qui semble donc indifférent à la turbulence. Antarès, en revanche, se trouve tellement loin de nous, près de 550 années-lumière – plus de 5 millions de milliards de kilomètres –, que son diamètre apparent se réduit à un point infime et que le moindre décalage de son rayonnement lors du passage au sein de notre atmosphère provoque la scintillation qui nous est familière. Antarès est une étoile qui vit ses derniers moments, une supergéante rouge. Ses couches externes ont gonflé démesurément pour évacuer la chaleur toujours plus grande émanant de son cœur et elle est au moins 60 000 fois plus lumineuse que le Soleil ! Un jour prochain, demain ou dans un million d’années, Antarès se transformera en supernova et elle dispersera violemment sa matière autour d'elle, contribuant ainsi à l’enrichissement des nébuleuses voisines et des prochaines générations d'étoiles et de planètes.
La Voie lactée d'un bord à l'autre du bol nocturne avec la pollution lumineuse qui ronge le ciel noir à l'horizon.
© Guillaume Cannat
Sur la gauche d’Antarès et du Scorpion, survolant l’horizon sud d’une quinzaine de degrés à la fin du crépuscule, la constellation du Sagittaire est visible une bonne partie de la nuit en août (voir la carte du ciel des Nuits des étoiles). Le Sagittaire n’est pas très bien mis en valeur à la latitude de la France métropolitaine. Il s’agit pourtant de l’une des plus belles figures du ciel et il suffit pour s’en convaincre de l’admirer lorsqu’il passe pratiquement au zénith à La Réunion, à la Guadeloupe ou à la Martinique. Ses étoiles semblent alors prises dans le filet étincelant d’une Voie lactée envahissante. Il faut dire qu’en regardant vers le Sagittaire nous devrions théoriquement voir en enfilade les milliards d’étoiles qui s’accumulent entre nous et le noyau de la galaxie qui nous accueille à la périphérie de l’un de ses bras en spiral. À l’œil nu, on remarque l’épanouissement de la trame galactique aux abords du Sagittaire, mais cette région pourrait être encore plus lumineuse si d’immenses nuages de gaz et de poussières ne venaient s’interposer entre nous et les étoiles du cœur. Ces nébuleuses et ces poussières nous cachent une grande partie du spectacle, si bien que, dans les très bons ciels, la Voie lactée apparaît aux abords du Sagittaire comme rongée par une sorte de gale noire là où l’absorption est la plus forte.
La Voie lactée dans la région du Triangle de l’été.
© Guillaume Cannat
En remontant la Voie lactée droit vers le zénith, ce point situé à la verticale de votre lieu d’observation, vous arriverez inévitablement sur Véga, une splendide étoile dont l’éclat puissant est dominé par des reflets du plus beau bleu. Principale étoile de la petite constellation de la Lyre, Véga est également l’une des trois étoiles qui marquent, avec Deneb et Altaïr, les angles du Triangle de l’été. Le Triangle de l’été n’est pas une constellation, mais ce que les observateurs nomment un astérisme, c’est-à-dire une figure formée à partir d’étoiles particulièrement brillantes appartenant à plusieurs constellations. Les astérismes sont généralement plus faciles à identifier dans le ciel que les constellations. La Casserole, qui réunit les sept étoiles les plus éclatantes de la constellation de la Grande Ourse, est un astérisme. À l’orée des nuits aoûtiennes, la Casserole est inclinée au-dessus de l’horizon nord-ouest (voir sur la carte du ciel), puis elle glisse lentement et semble se poser sur l’horizon nord en milieu de nuit. Si vous observez toute la nuit, vous constatez que ses étoiles ne disparaissent à aucun moment sous la ligne d’horizon, même dans le sud de la France métropolitaine, on dit que la Casserole est circumpolaire. Le Triangle de l’été, quant à lui, domine la voûte céleste européenne en début de nuit jusqu’à la fin de la saison chaude. C’est une région propice aux observations, tant à l’œil nu qu’aux instruments, car nous sommes là en pleine Voie lactée et de simples jumelles révèlent une multitude d’amas et de regroupements stellaires du plus bel effet. Si votre ciel est pur, vous remarquerez même sûrement que le cours impétueux de cette rivière stellaire semble se scinder au niveau de Deneb, fendu en deux par l’angle du Triangle de l’été.
En redescendant des hauteurs du firmament vers l’ouest, la brillante étoile Arcturus du Bouvier domine la scène céleste, alors que, vers l’est, c’est l’immense carré de Pégase et la longiligne constellation d’Andromède qui apparaissent. Un peu plus tard dans la nuit, Andromède s’est élevée en tirant derrière-elle l’arc étincelant de Persée autour duquel fusent déjà quelques étoiles filantes. Dans moins d’une semaine, la Terre frôlera un courant poussiéreux laissé par une comète lors de son passage au plus près du Soleil et le nombre d’étoiles filantes visibles à l’œil nu devrait augmenter significativement...
Une soirée de découverte du ciel d’été
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