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L’astronomie en terre d’Islam

Entre l’époque de Ptolémée et celle de Copernic, une période de plus mille ans, l’astronomie ne connaît pas de développement notable en Europe. Dans le monde islamique, par contre, d’importants progrès vont se produire entre le IXe et le XIe siècle, tant dans les outils mathématiques de l’astronomie que dans l’observation du ciel.
Quadrant
Un quadrant d’astrolabe (Damas, Syrie, 1333-34). Crédit : British Museum
Cet âge d’or de l’astronomie musulmane va commencer sous le règne du calife Al-Rashid puis de son fils Al-Mamun, tout deux s’attachant à promouvoir le travail scientifique et culturel dans leur empire. Pendant son règne à Bagdad, entre 813 et 833, le calife Al-Mamun va ainsi fonder la plus grande bibliothèque depuis celle d’Alexandrie, la Maison de la Sagesse, et établir en 829 le premier observatoire astronomique permanent du monde.
Le savant le plus notable du IXe siècle est le persan Al-Khwarizmi. Il écrit le premier livre sur l’algèbre, Hisab al-jabr w’al-muqabala, et fonde du même coup cette discipline. Il introduit et répand l’usage des chiffres que nous utilisons aujourd’hui (on les qualifie depuis d’arabes bien qu’ils soient en fait originaires d’Inde). Sa principale contribution directe à l’astronomie sera le livre Sindhind zij, basé sur l’astronomie hindoue, dans lequel il établit des tables sur la position du Soleil, de la Lune et des planètes, et étudie toute une série de sujets comme les éclipses ou la visibilité de la Lune.
Vers la même époque, le persan Al-Farghani écrit les Eléments d’astronomie (Kitab fi al-Harakat al-Samawiya wa Jawami Ilm al-Nujum), un ouvrage basé sur l’astronomie de Ptolémée. Il introduit aussi des idées nouvelles, par exemple le fait que la précession doit affecter la position apparente des planètes, pas seulement celle des étoiles. Cet ouvrage jouera un rôle considérable en Europe occidentale quand il sera traduit en Latin au XIIe siècle.
Autour de la fin du IXe siècle, la figure dominante est l’astronome arabe Al-Battani qui va observer le ciel depuis la Syrie et faire des mesures d’une précision remarquable pour l’époque. Il va ainsi déterminer la durée de l’année solaire, la valeur de la précession des équinoxes et l’obliquité de l’écliptique. Il en profite également pour établir un catalogue de 489 étoiles.
D’un point de vue plus théorique, son ouvrage principal, Kitab al-Zij, est d’une importance fondamentale car il introduit pour la première fois la trigonométrie dans l’étude de la sphère céleste. Cette approche nouvelle se révèlera beaucoup plus puissante que la méthode géométrique de Ptolémée. Ce livre sera traduit en latin au XIIe siècle et influencera beaucoup les grandes figures européennes des XVIe et XVIIe siècles.
En 994, l’astronome Al-Khujandi, originaire de l’actuel Tadjikistan, construit un énorme sextant mural à l’observatoire de Ray près de Téhéran, le premier instrument permettant des mesures plus précises que la minute d’arc. Il l’utilise en particulier pour déterminer une valeur plus fine de l’obliquité de l’écliptique.
Astrolabe
Un astrolabe en laiton (Ispahan, Iran, 1712). Crédit : British Museum
Vers la même époque apparaît un autre savant, Al-Biruni, originaire des environs de la mer d’Aral. Comme ces prédécesseurs, il s’intéresse à de nombreux sujets comme les mathématiques et la géographie. En astronomie, il s’illustre par ses observations d’éclipses lunaire et solaire, mais aussi par une approche plus moderne de la méthode expérimentale, en particulier lorsqu’il analyse les erreurs qui entachent ses mesures et celles d’Al-Khujandi.
Au XIe siècle, le persan Omar Khayyam, aujourd’hui plus connu pour sa poésie, s’intéresse lui aussi à divers sujets, en particulier l’algèbre et l’astronomie. Il crée de nouvelles tables astronomiques, mais se distingue surtout en déterminant la durée de l’année solaire avec une précision extrême pour l’époque.
Cet âge d’or de l’astronomie islamique va se terminer au XIIe siècle. Les ouvrages de cette période faste vont peu à peu être traduits en latin, en particulier à Tolède en Espagne, et se répandre en Europe. Ce sera par l’intermédiaire de ces traductions que les savants européens de la fin du Moyen-Âge redécouvriront les théories de Ptolémée et prendront connaissance des avancées faites dans le monde musulman.
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