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L'étonnante adaptation des manchots

L'étonnante adaptation des manchots à des conditions extrêmes est le fruit d'une lente évolution, qui se déroule depuis plus de 60 millions d'années.
Novembre en Antarctique. La débâcle estivale de la banquise a commencé. Bientôt les manchots empereurs iront pêcher. Ils passeront l'été à glisser dans l'océan Austral glacial, plongeant à des profondeurs de plus de 300 mètres à la recherche de poissons, de calmars et de krill pour se gaver avant d'entreprendre leur longue et pénible migration hivernale vers les terres où ils se reproduiront. Pour se reposer ou lorsque vient le temps de regagner leur colonie, ils se lancent hors de l'eau pour revenir sur la glace. Ce bref moment entre la mer et la glace est le seul instant où les manchots ressentent ce qui va de soi pour la plupart des oiseaux : être en suspension dans l'air.
De fait, les manchots empereurs et les autres manchots sont des oiseaux bizarres. Comme tous les oiseaux, ils ont des plumes, des ailes et un bec, et ils pondent des œufs. Mais une série de caractéristiques les distinguent de leurs compagnons à plumes. Au fil de l'évolution, leurs ailes se sont transformées en nageoires. Leur « smoking » les camoufle des prédateurs : lorsqu'ils nagent, leur dos noir vu de dessus se confond avec le fond de la mer, et leur ventre blanc, vu de dessous, se confond avec la surface. Leurs os très denses facilitent le plongeon en fournissant du lest ; leurs pattes, courtes et épaisses, dirigent leur corps sous l'eau et leur confèrent ce dandinement amusant lorsqu'ils marchent sur terre. Grâce à ces caractéristiques et à d'autres, les manchots sont des maîtres du monde marin, et certains de leurs représentants – dont les manchots empereurs – ont conquis l'un des environnements les plus extrêmes de la planète.
Depuis longtemps, les paléontologues s'interrogent sur l'origine de ces oiseaux et sur la façon dont ils se sont répandus dans tout l'hémisphère Sud. Les découvertes de fossiles faites au cours de la dernière décennie nous ont aidés à reconstituer l'évolution des manchots. Il s'avère que nombre de leurs spécificités sont apparues dans des conditions bien plus douces que les grands froids auxquels on associe les manchots. Cette histoire évolutive suggère que les chances des manchots de survivre face au réchauffement climatique actuel sont minces. La biologie et la répartition géographique de ces oiseaux traduisent une interaction complexe de la dérive des continents, du changement climatique et de la sélection naturelle au cours de dizaines de millions d'années – ce qui rend les manchots vulnérables.
Les paléontologues connaissent des manchots fossiles depuis plus de 150 ans, mais les premiers restes découverts n'étaient que de petits fragments fournissant peu d'informations sur les oiseaux dont ils provenaient. Le tout premier fossile de manchot identifié était un os unique découvert dans le calcaire de Nouvelle-Zélande par un Maori. Ce fossile arriva dans les mains du paléontologue anglais Thomas Huxley (1825-1895). Huxley identifia ce reste comme l'astragale (un os du pied) d'un manchot disparu plus grand que le manchot empereur, la plus imposante des espèces actuelles avec une taille de près de un mètre et une masse de 40 kilogrammes. Il surnomma ce manchot fossilePalaeeudyptes antarcticus, qui signifie « ancien bon plongeur du Sud ». Dans les décennies suivantes, d'autres restes de manchots géants ont été mis au jour en Nouvelle-Zélande et au-delà. Mais, comme l'astragale identifié par Huxley, ils étaient tous fragmentaires et difficiles à interpréter.

Des fossiles vieux de 62 millions d'années

L'enregistrement fossile des manchots s'améliora à la fin des années 1970 lorsque l'un de nous (Ewan Fordyce) trouva par hasard un os de patte brisé, dépassant d'une falaise de grès près de Waimate au Sud de la Nouvelle-Zélande. En fracturant par petites touches la roche environnante, E. Fordyce découvrit d'autres os d'un grand manchot qui avait vécu il y a 27 millions d'années. Ce squelette partiel fournissait de nouveaux indices sur l'anatomie des anciens manchots, mais il était encore trop dégradé pour révéler leurs origines. Ce n'est que dans les années 1980 et 1990 que des fossiles exploitables furent découverts : plusieurs spécimens, retrouvés dans la région de Walpara en Nouvelle-Zélande, ont révélé les tout premiers stades connus à ce jour de l'évolution des manchots. Ces restes, qui datent de 62 à 58 millions d'années, suggèrent...
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